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Une Forme olympique

L’art, pour des raisons qu’il conviendra d’analyser, se trouve dès les premiers soubresauts de la modernité, intimement lié aux questions du corps et des jeux physiques qui allaient structurer une large part de la vie sociale. C’est cette triangulation Art/Sport/Économie, soumise à la catégorie subsumante du jeu, qu’il s’agira ici d’envisager. Le titre Une forme olympique joue sur plusieurs registres de signification. La forme, c’est le minimum requis pour qui se prétend sportif, mais la forme c’est également l’une des catégories conceptuelles fondatrices de l’art.

Une Forme olympique

Exposition
09.2016 — 02.2017

Commissaire
Jean-Marc Huitorel

Artistes invités
Gérard Deschamps
documentation céline duval
Hervé Beurel
Éric Giraudet De Boudemange
Roderick Buchanan
Édith Dekyndt
Massimo Furlan
Taro Izumi
Nøne Futbol Club
Dominique Petitgand
Yoan Sorin
Thomas Wattebled
Jean-Philippe Basello

Lieu
Espace d’art contemporain HEC

Inondés d’informations largement relayées par les médias, relatant d’incroyables records, dérives et scandales… Nous sommes tous sensibilisés aux enjeux économiques, géopolitiques et performatifs qui sous-tendent l’ensemble des manifestations sportives. Au sein d’un campus comme celui de HEC, au-delà du spectacle sans limite, le sport tient une place bien particulière aux confins des valeurs de bien-être personnel, de rapport au corps, de cohésion, de dépassement de soi, avec en toile de fond le spectre de l’amélioration des performances individuelles et/ou collectives.

Berceau des compétitions entre individus, entre écoles, entre entreprises, entre économies, entre nations ou, plus largement encore, entre valeurs civilisationnelles, quelle que soit l’échelle, le sport envahit notre réalité quotidienne. Est-ce la marque des sociétés libérales dans lesquelles nous vivons? Une résurgence des super-héros, des mythes du champion, des fondements même de nos cultures?

En 2016, année olympique, il nous semblait pertinent de questionner les artistes sur ces thématiques et de donner libre cours à leurs visions critiques, décalées, poétiques souvent humoristiques. C’est pourquoi nous avons confié à Jean-Marc Huitorel, critique d’art et commissaire d’exposition, le soin de nous proposer une exposition, des «performances» artistiques et une rencontre centrée sur art-sport-littérature.

L’historien néerlandais Johan Huizinga, dans Homo Ludens (1938), avance que le jeu préexiste à toute culture ou civilisation: «La culture naît sous forme de jeu, la culture, à l’origine, est jouée.» C’est dans le croisement de deux des catégories posées par Roger Caillois, l’agôn et l’alea (compétition et hasard), que, très tôt, le sport va s’inscrire, bien avant que son nom même n’apparaisse concomitamment à son institution sociale dans la seconde moitié du XIXe siècle. C’est sans doute aussi l’agôn qui rapproche la compétition sportive de la concurrence économique et commerciale et qui se trouve à l’origine de la conception des campus universitaires américains dont celui de HEC s’est largement inspiré. L’art, pour des raisons qu’il conviendra d’analyser, se trouve dès les premiers soubresauts de la modernité, intimement lié aux questions du corps et des jeux physiques qui allaient structurer une large part de la vie sociale. C’est cette triangulation Art/Sport/Économie, soumise à la catégorie subsumante du jeu, qu’il s’agira ici d’envisager.

Le titre Une Forme olympique joue sur plusieurs registres de signification. La forme, c’est le minimum requis pour qui se prétend sportif, mais la forme c’est également l’une des catégories conceptuelles fondatrices de l’art. Ainsi, en cette année olympique (les Jeux de Rio) et plus généralement sportive (l’Euro de football), en hommage au Brésil, mais aussi en référence à l’une des figures dominantes de l’art et des objets symboliques, la forme sera principalement ronde. Ronde comme le globe terrestre et la voute céleste qui permettent, dans l’intervalle qui les sépare, de multiples jeux de balles et de ballons, de cercles divers et d’innombrables rotondités.