Microclimat
Damien Beguet
Damien Beguet se définit comme un entrepreneur au service de l’art.
Microclimat
Résidence, Exposition
01.2004 — 12.2006
Lieu
Campus HEC
Sur le modèle d’une PME, son activité reprend les logiques commerciales et promotionnelles classiques (production, sous-traitance, communication, etc.). À l’occasion de sa résidence, il infiltre la structure HEC en proposant différentes prestations qui interrogent la relation entre l’art et l’argent. Des conférences, un mur peint réalisé dans les locaux, un objet promotionnel distribué sur le campus se présentent comme autant d’actes qui viennent réinterroger la place de l’artiste sur le site et par extension la place de l’artiste dans une société principalement régie par l’économie libérale.
Damien Beguet microclimat fonctionne comme une marque, un label. L’artiste devient un prestataire de services travaillant pour le compte de sa marque. La signature devient logo. La prestation en tant que telle, qu’elle soit matérielle ou immatérielle, ne doit sa valeur qu’à l’aura de la marque. Ainsi, au-delà de l’image produite, ne compte plus que l’image de marque. Le phénomène, maintes fois constaté dans le domaine commercial, se voit ici transposé et interrogé dans le champ esthétique. Le statut de l’artiste, les logiques de production de son oeuvre (toujours dépendantes de l’économie), la valeur même de l’oeuvre relativement à la notoriété de l’artiste, les principes de sa commercialisation et de ses appropriations (quand elles répondent le plus souvent à des logiques de marché et de représentation), toutes ces composantes de l’activité artistique se voient soudain revisitées.
La démarche n’est en rien subversive ou cynique. Elle répond à un principe de réalité qui s’impose à l’artiste comme à tout individu. L’art est un commerce et le commerce a ses lois. Damien Beguet a choisi de les reprendre à son compte dans un souci d’intégration au système, rompant ainsi avec l’image romantique de l’artiste déconnecté du monde réel. Héritier à la fois d’un idéal moderne et d’une désillusion postmoderne, l’artiste agit de façon pragmatique: il propose d’associer son image à celle de ses commanditaires. La prestation fait l’objet d’un contrat dont les deux contractants tirent un bénéfice revendiqué et décomplexé.
Philippe Coubetergues, critique d’art