Ce que fait le troc au système de l’art
Dans le cadre de l’exposition Le Grand Troc, édition 2015, de Nicolas Floc’h au MAC/VAL. Table-ronde conçue en partenariat avec l’espace ART HEC modérée par Madeleine Planeix-Crocker, Arthur Bernard et Mathias Fournier, élèves de la Majeure/Master Média-Art et Création de HEC Paris.
Ce que fait le troc au système de l’art
Conférence
11.2015
Intervenants
Alexandre Cadain
Nicolas Floc’h
Jean-Marc Huitorel
Tomasz Obloj
Modérateurs
Arthur Bernard
Mathias Fournier
Madeleine Planeix-Crocker
Lieu
MAC/VAL
Le monde de l’art est semble-t-il plus que jamais dominé par des préoccupations purement économiques. Dans ce contexte, le troc, l’amateur et l’œuvre collaborative trouvent-ils leur place? Des formes alternatives de production et d’échange des œuvres d’art existent. Le Grand Troc, projet de l’artiste Nicolas Floc’h présenté cet automne au MAC/VAL, en fait partie. Au cours d’une année de rencontres et d’ateliers, Nicolas Floc’h a invité des collégiens, des enseignants et des agents départementaux de la région parisienne à exprimer des désirs collectifs visant à questionner et transformer leurs institutions, puis à matérialiser ces désirs en fabriquant des objets en bois et matériaux recyclés.
Ceux-ci ont été numérotés et co-signés par l’artiste et le groupe concerné. Les objets sont actuellement exposés au MAC/VAL afin d’y être troqués. Tout visiteur souhaitant acquérir un objet en bois peut le troquer contre l’objet réel, contre ce qu’il représente. Ce projet interroge les logiques qui gouvernent aujourd’hui le système de l’art. Les œuvres sont ici réalisées à plusieurs, avec des amateurs, et non par l’artiste seul. Elles ne sont pas, a priori, destinées à être vendues dans des galeries, des salles de ventes aux enchères ou des foires mais réunies dans un musée public pour être troquées par ses visiteurs. Comment notamment évaluer la valeur d’une œuvre d’art, si elle n’a apparemment pas de prix? N’a-t-elle qu’une valeur symbolique? Ne vaudrait-elle comme œuvre d’art que parce qu’elle a été signée par un artiste? Ne reviendrait-il pas alors aux institutions publiques et notamment aux musées de garantir la valeur, le statut d’une œuvre d’art? Ou faudrait-il que d’autres acteurs, privés entre autres, interviennent?
Alexandre Cadain est galeriste, ancien élève de HEC et de l’ENS. Il a ouvert en 2008 la Galerie Alexandre Cadain. Se spécialise désormais dans l’art digital.
Nicolas Floc’h est artiste et enseignant à l’EESAB Site Rennes. Il est diplômé de la Glasgow School of Art. Il explore les pratiques artistiques en fonction des contextes qu’il investit. Ses œuvres se déclinent en de multiples formes — installation, sculpture, film, performance, scénographie… — qui se présentent comme des structures ouvertes, multifonctionnelles, modulables et consommables. Ses propositions artistiques s’inscrivent dans le champ de l’expérimentation questionnant les modes de production, de distribution et de consommation de l’art. Son travail est exposé dans des institutions en France et à l’étranger et fait partie de nombreuses collections.
Jean-Marc Huitorel est critique d’art, commissaire d’exposition indépendant et professeur. Il a écrit de nombreux articles et ouvrages à propos de l’art contemporain, notamment La Beauté du geste, L’art contemporain et le sport (éditions du Regard, 2005), Mimetic (édition du centre d’art de l’Yonnes, 2007), Art et économie (éditions le Cercle d’art, collection «Imaginaire: mode d’emploi», 2008). Il collabore régulièrement aux revues Art press, et Critique d’Art.
Tomasz Obloj est professeur-assistant de stratégie à HEC Paris, où il donne le cours fondamental de stratégie. Ses recherches portent sur la théorie économique des incitations, la conception organisationnelle et l’entente individuelle. Il a publié ses travaux, entre autres, dans des revues telles que Administrative Science Quarterly, Strategic Management Journal et Entrepreneurship Theory & Practice. Il est lauréat du prix Wiley Blackwell Outstanding Dissertation Award.