Le projet rassemble treize artistes. Il est basé sur un protocole précis reposant sur de rapides interventions réalisées au sein de l’école. Le dispositif a pour objet de questionner, de façon plastique, tant le contexte immédiat que la portée des gestes effectués dans les différents espaces qu’offre l’environnement du campus. Les artistes invités sont libres de juxtaposer leurs pratiques aux contraintes spatiales ou administratives, suggérées par un bureau, un hall d’honneur, un gymnase, un réfectoire ou un amphithéâtre.

Dérivé d’une mise en situation inhabituelle – intervenir au sein d’une école de commerce à la symbolique et à l’esthétique spécifiques –, l’un des enjeux du projet est de faire émerger un vocabulaire de formes. Selon les interventions, certaines décrivent en filigrane l’école et ses infrastructures, d’autres nous montrent des choix d’individus confrontés à la neutralité voulue, mais pourtant toute relative, des espaces du campus. Plus que la description d’une expérience, les images se chargent de constats ou d’indices que cette archive donne à interpréter.

Chaque réalisation a été archivée en deux temps selon le même protocole : une prise de vue de l’intervention dans son contexte et un document complémentaire scanné par les artistes et fourni a posteriori. Inscrits par leurs auteurs dans un temps condensé, les gestes documentés offrent une variété d’actions et de formes (sculpturale, picturale, filmique ou performative) que les images esquissent.

Se matérialise alors, par instant, une esthétique qui englobe cette distance entre légèreté d’action et lourdeur administrative, que l’extrait du texte de David Foster Wallace, érigé en édito de ce projet tend à décrire avec beaucoup d’humour. Et de sérieux.

Ludovic Sauvage