À bout De bord
Collectif Wharf
Le WHARF (embarcadère en anglais mais aussi interface dans le jargon informatique) est un collectif composé de cinq jeunes artistes, diplômés de l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg, qui réalisent sur le campus leur premier projet artistique professionnel: Camille Roux, Armin Zoghi, Eric Perez, Paul Souviron, Gregory Buchert. Ils investissent HEC pendant une année et ont construit un lieu éphémère qui a pour vocation de se situer à l’intersection de deux mondes: le commerce et l’art. Atelier, lieu d’exposition, point de rencontre.
À bout De bord
Résidence, Installation
01.2009 — 03.2010
Lieu
Campus HEC
WHARF est un regroupement de cinq jeunes artistes ayant choisi de rapprocher leurs pratiques sous l’effigie d’une appellation qui se veut métaphorique. Un wharf est un ponton qui s’avance sur l’eau de façon à permettre aux bateaux d’accoster des deux côtés. C’est devenu également le bandeau latéral, sur l’écran d’informatique, qui permet d’accéder aux applications. Cette association d’artistes doit donc être perçue comme une interface, un dispositif pratique facilitant l’accès à cinq démarches singulières, ce qui est différent d’un groupe d’artistes qui produirait des oeuvres en ne faisant aucune distinction d’auteurs.
Jonathan Schall, vidéaste extérieur au collectif, fut convié par le groupe pour réaliser un film sur cette expérience. Fondée sur une solidarité de connivence, cette stratégie d’existence – pour laquelle ces cinq artistes optèrent, alors fraichement diplômés des Arts Décoratifs de Strasbourg – est en soi le signe d’une réflexion critique sur le statut de l’artiste et son rapport à la société. En opérant des sélections individuelles, ce sont – par exemple – les commissaires d’exposition qui rapprochent les pratiques artistiques et, bien souvent, ces rapprochements ne manquent pas de surprendre les artistes eux-mêmes. Ici, l’association est «vendue» clé en main: c’est cinq artistes ou rien.
À propos de leur expérience, ils ont déclaré… Un programme de résidence est toujours une aventure particulière mêlant, sans hiérarchisation réelle, des expériences de vie à des projets artistiques et professionnels. Se crée alors une conjoncture spécifique de l’instant, du lieu, des intervenants, devenant peu à peu inextricable de l’oeuvre produite. Les réalisations émergeant de cette année passée sur le campus HEC ne sauraient se soustraire à la puissance et à la complexité d’un tel contexte. Sorte de ville onirique, enclave se situant quelque part entre la transparence bleutée de Playtime et un éternel spring-break, HEC peut être un endroit bien étrange pour celui qui n’en connaît pas les usages. Durant cette année de travail, notre collectif s’est trouvé confronté à ses propres entraves comme à celles de l’extérieur, et nous avons dû reconsidérer à maintes reprises la nature de nos prises de position, à l’égard de ce lieu si singulier et de sa violence insouciante. L’exposition que nous avons présentée a tenté de saisir la densité de ces interrogations au travers d’une vision panoramique. En effet, un alignement d’oeuvres au sein d’un white cube décontextualisé ne reflèterait en rien la dualité née du ressenti de cette année de résidence.
En reprenant l’ensemble des expérimentations (achevées ou non) produites lors de ce programme, À bout de bord, plutôt que de tirer des conclusions impossibles, propose une mise à plat de nos recherches, en vue d’amorcer des perspectives, de prendre du recul. Transformer ce vécu collectif et trivial en une topographie tourmentée, en un monde irréel, afin de faire surgir çà et là une vision critique et poétique de notre expérience. Il y a là des tentatives d’habitations, de transport, des obstacles, ainsi qu’une multitude d’objets anticipant leur destruction et revendiquant joyeusement leur insoumission. Dans le champ lexical maritime, l’expression à bout de bord signifie que l’on arrive de justesse, sans doute non sans y avoir laissé quelques plumes. Mais, en jouant sur les mots, ce titre pourrait tout aussi bien se lire À bout De bord: un simple glissement qui rapprocherait soudain HEC de La Société du spectacle.